Jae Won naquit au sein d'une aimante petite famille. Ses parents étaient, tous les deux, les plus agréables et les plus gentilles personnes de ce monde attirant la sympathie des gens qui les appréciaient et aimaient énormément. Il y avait déjà ses deux frères lorsqu'il pointa le bout de sa truffe. Sa venue fut, comme toutes celles des autres, un grand événement : la meute s'agrandissait et c'était une très bonne chose.

Il n'aurait jamais dû s'éloigner du village. Il ne devait même pas dû être là, il en avait l'interdiction, mais ses envies de découvrir le monde – seul, comme un grand, alors qu'il ne l'était pas, avait été bien trop fortes.
Il l'avait rencontré, par hasard. Il était comme lui. Un petit loup. Sans même se parler, ils avaient sympathisés et s'étaient amusés comme tous les autres enfants. Seulement, un drame arriva beaucoup trop vite.
Il n'avait pas vu qu'ils s'étaient rapprochés trop près de la rivière qui était assez réputée pour sa dangerosité. Un coup de pattes un peu plus prononcé que les autres et ils tombèrent dans l'eau froide et agitée. Il ne se souvient plus très bien du déroulement de leur accident, il se rappelle que sa tête plongeait dans l'eau sans jamais trouver la force de la ressortir. Il avait senti une masse imposante, quelqu'un qui plonge. Un geste violent qui le fit sortir et le poussa très brusquement hors de l'eau. Il respirait, mais pas pour longtemps. Son père était devenu son héros, il l'avait sauvé d'une mort certaine, mais avait disparu dans les eaux tourbillonnantes et ne le retrouvèrent jamais.
Ce geste… Ce courage de sa part valut de devenir des Delta.

Jae Won n'a jamais cessé de vagabonder hors du village. Il a beau avoir retenu la leçon, il ne pouvait s'en empêcher…. Sa mort, il s'en est pratiquement jamais remis. Pour lui, désormais, il n'a plus sa place, il n'a plus le droit de faire parti d'eux, de cette famille. Il a tout gâché. Il lui manque terriblement, mais il ressent sa présence lorsqu'il se retrouve seul, éloigné dans les bois. Il revient souvent tard chez lui. Sa mère ne cesse de le réprimander d'être ainsi et ses frères doivent sûrement le détester depuis ce jour. Cette maison, petit-à-petit, efface sa place.

Être indépendant depuis tout ce temps, lui a toujours fait le plus grand bien. Il s'est beaucoup éloigné de sa famille, se sentant trop fautif, mais il s'engage à leur rendre visite le plus souvent possible. L'un de ses frères s'est marié et à deux petits monstres. L'autre, également accompagné, en a six. Il les aime beaucoup, malgré qu'il les voit que très peu.
Quant à lui… Il reste le même. Il reste, là, seul, assit pendant des heures à ne rien faire en particulier. Le silence du bois, le chant des oiseaux, les arbres qui s'expriment au travers le souffle du vent, c'est ce qu'il aime par-dessus tout. Il n'a pas un grand cercle d'amis et le peu qui en font parti sont des personnes les plus précieuses à ses yeux. Il se sent bien ainsi et c'est l'essentiel.