Il est né le con. Pas sa faute, il y peut rien.  Ses parents se sont éclatés, elle est tombée enceinte. Et lui il est né. Dans une famille chelou, qui ne le comprendra jamais. Une famille qui va le regarder comme un monstre toute sa vie. Il y peut rien si y'a des antécédents dans sa famille, si l'un de ses oncles a commis un suicide pour faire taire les voix. On y peut rien c'est la vie.

Les premières voix se font entendre. Il les entends, elles lui parlent, se donnent des noms et lui il leur répond. On crois qu'il a des amis imaginaires, c'est un enfant après tout. On ne veut pas revivre le même cauchemar que pour les autres, alors on ferme les yeux, on fait comme si on ne savait pas. Y'a juste la vieille humain, celle qu'il appelle grand-ma' et que son père n'aime pas beaucoup, qui s'intéresse à lui, qui lui parle, lui dit la vérité. Il a cinq ans, il comprend pas vraiment ce qu'elle lui raconte. Il se rappelle juste qu'il doit aller la voir quand il a un soucis. Ok, d'accord. Si les voix lui disent de se faire du mal ou de faire du mal à quelqu'un, il doit aller la voir, la prévenir. Il le sait maintenant, il s'en souviendra.

Elle est morte. Elle l'a laissé avec ce dingues, ces idiots, ces incapables. Et les voix qui lui parlent encore, se déchaînent dans sa tête. Il veut les faire taire. Il a essayer les médicaments humains mais... ils ne marchent pas vraiment, à moins qu'il en prenne une telle quantité qu'il n'est plus capable de bouger, qu'il est complètement H.S. Alors, il va essayer d'autres choses. L'alcool, la drogue, les trucs plus fort mais qui lui permettent tout de même de rester debout. C'est le début de la descente aux enfers. Le début des emmerdes, des ennuis.

Il allait partir à la maison des jeunes. Mais, avant, il avait besoin de leur dire les choses en face. Un rail de coke avant d'y aller, il descendit les escaliers en chantonnant, une bouteille de whisky à la main. Les trois autres, engoncés dans leurs chemises. Ses frères et soeurs n'étaient pas là. Juste ses parents et son grand-père qui émit un grognement.

-"Ca suffit Yun Kim, pose cette bouteille."

Un sourire malin sur son visage, un éclat de rire, une nouvelle gorgée de boisson et hop, il était lancé.

-"Poser? Mais pourquoi? J'en ai besoin, vraiment besoin. Daniel a dit que c'était bon. Sa aidait à faire taire les autres. Y'a plus que lui dans ma tête pour l'instant. Des fois, ils sont tous plus là, ça fait du bien d'être seul dans sa tête tu sais ptit vieux! Combien de temps encore vous allez vous voiler la face. Je suis comme eux, comme lui, comme tonton, comme ta soeur papi. Je suis schizo, je suis timbré. C'est comme ça."

Il descendit les dernières marches en titubant, éclata d'un rire sardonique.

-"Pas comme ci, vous avais jamais pu faire quoi que ce soit."

Eh ouais! La maison des jeunes c'était la liberté. Plus ses parents en permanence derrière lui. Oh, on pouvait bien le juger, le prendre pour un timbré, tout ce que les autres voulez. Lui, il se plaisait dans sa vie, s'éclatait. Il était toujours aussi stone, aussi soûl. Il était toujours aussi franc, peut-être encore plus. Blesser les gens, tant pis, il en avait rien à faire. Valait mieux dire les choses plutôt que de faire semblant. Il ne supportait plus de faire semblant. C'est le timbré. Crazy comme on l'appelle. Et il s'en tape le gamin. Se mettre en danger, pas de soucis. Faut juste faire gaffe aux autres. Et des fois, il ne s'en rend pas vraiment compte.